Origine du sobriquet

Les « branle-pantets »

Quand ils s'intéressent à certains faits relevant de l'ethnographie, des auteurs évoquent un sobriquet qui concerne les gens d'Ecublens. L'expression « branle-pantets » se rencontre, par exemple dans l'ouvrage spécialisé de Paul Fehlmann. Les citoyens du bourg agricole étaient surnommés de cette manière, car leurs vêtements se trouvaient disposés bien en vue, près de l'entrée du village. Les femmes étendaient, à proximité d'un lieu de passage, la lessive sur des cordes. A la nuit tombée, franchissant la Venoge par le pont rouge, le voyageur venu de Denges apercevait quelquefois des étranges formes mouvantes. Le vent faisait bouger les « pantets » dans l'obscurité.

En 1982, répondant aux questions d'une journaliste, le fournier Robert Mayerat (1911-1988) a complété l'histoire. Un habitant d'Ecublens voulait faire la noce du côté de Denges...il passa à côté d'un étendage où séchait du linge. Le vent fit branler les pantets d'une chemise... mon gaillard prit les jambes à son cou. Rien d'étonnant, car on parlait encore à cette époque d'un crime, perpétré près du pont rouge.

Selon quelques employés communaux, le sobriquet « branle-pantets » a une autre origine. Des observateurs auraient utilisé ce terme pour faire allusion aux goûts exagérément festifs de la population : « Les gens d'Ecublens souffrent, depuis toujours, d'une inclination démesurée pour les bals champêtres et autres fêtes, ils sont infatigables, à danser des nuits entières et, au réveil, après quelques heures de sommeil, ils récupèrent fréquemment leur chemise dont les pantets valsent encore tout seuls sur le dos de la chaise...».

Habitants illustres

Docteur Frédéric Recordon

Frédéric Recordon

Vers la fin de sa vie, un médecin-oculiste de renommée internationale vint s'établir à Ecublens. Le docteur Frédéric Recordon (1811-1889) dirigea l’Asile des aveugles entre 1843 et 1880.

Né à Rances, ce spécialiste de l’ophtalmologie travailla, pendant la plus grande partie de sa carrière, à Lausanne. D’autre part, il fut le vice-président du Conseil de santé du Canton de Vaud (1855-1884) et professeur à l’Académie. Frédéric Recordon enseigna la médecine légale (1862) puis l’hygiène (1869-1874). Il œuvra encore en qualité de médecin principal des Chemins de fer de la Suisse occidentale.

Le docteur Recordon s’installa à Ecublens en novembre 1883. Les habitants de la localité estimaient cette personnalité, surtout en raison de son attitude fraternelle. Le praticien montrait de l’attachement pour les pauvres et les déshérités.

Ancienne Villa Recordon

Ancienne villa Recordon (Propriété de Mon Repos)

Lorsqu’il était jeune chirurgien, Frédéric Recordon rencontra des gens appartenant à la haute société lausannoise, qui s’occupaient d’œuvres de bienfaisance. Les historiens rappellent que le banquier William Haldimand (1784-1862) « se manifesta par de nombreux actes de charité ». Le 3 janvier 1843, conjointement avec Elisabeth de Cerjat (1769-1847), ce philanthrope fonda l’Asile des aveugles.

Les portes d’un tel établissement étaient ouvertes aux personnes démunies. Le médecin Frédéric Recordon fut probablement influencé par l’engagement généreux de William Haldimand et d’Elisabeth de Cerjat.

« A l’hôpital ophtalmique et Asile des aveugles, M. Recordon attira beaucoup de malades du reste de la Suisse et de l’étranger » signala le Nouvelliste vaudois.

Quand il séjournait à Ecublens, ne recherchant sans doute pas la renommée au loin, le médecin prit le temps d’apporter des soins, nombreux et variés, à ses concitoyens. Afin d’exprimer leur reconnaissance, les édiles conférèrent, en date du 14 avril 1889, la bourgeoisie d’honneur à Frédéric Recordon.

Après la mort du praticien, survenue en décembre 1889, l’émotion fut vive parmi les habitants. Publiés dans la presse, certains points de vue et comptes rendus sont significatifs à cet égard. Par exemple, un représentant de la Municipalité écrivit ces quelques lignes, qui reflétaient
la tristesse et la vénération des administrés : « Ils pourront aller pleurer sur sa tombe et rendre hommage aux bienfaits qu’il a rendus, sans distinction, dans presque toutes les familles de notre localité. »

Lors des obsèques, les paysans voulurent apporter des contributions personnalisées. « Le cercueil, recouvert du simple drap mortuaire de village, mais orné des plus belles fleurs, est porté par six vigoureux campagnards, qui ont tenu à cet honneur ».

Enfin, par déférence, plusieurs villageois se réclamèrent de préceptes moraux. « Toute la population d’Ecublens est douloureusement affectée. Elle vient d’en donner une nouvelle preuve : le bal qui devait avoir lieu les 1er et 2 janvier à l’Auberge communale a été supprimé à cause du décès de M. le docteur Recordon ».

De nos jours, la tombe du médecin existe encore dans le cimetière de notre localité. Aux côtés du bourgeois d’honneur gît sa femme, Marie Recordon, née Hooker (1821-1906). Selon l’inscription funéraire, cette personne suivait les traces de son mari : elle était « bienfaitrice
des malades et des malheureux ». Entre autres dons, Marie Recordon offrit, le 27 janvier 1890, une somme de cinq cents francs aux autorités villageoises.

Concession de la Famille Recordon

 

Le continuateur de l’œuvre du docteur Recordon

Ayant travaillé autrefois à Lausanne, le pharmacien Alfred Feyler (1847-1910) élut domicile dans notre bourgade agricole et viticole. Comme d’autres habitants avant lui, le nouvel arrivant voulut défendre des principes d’altruisme.

A la suite de son père, Alfred Feyler dirigea une pharmacie située sur la place Saint-Laurent, au cœur du chef-lieu vaudois. L’établissement demeura propriété de la famille durant trois quarts de siècle.

Dans son village d’adoption, cet universitaire eut un comportement social analogue à celui du docteur Recordon. Continuant les traditions de bienfaisance de feu le docteur Recordon, Alfred Feyler ne tarda pas à s’acquérir la reconnaissance de toute la commune, si bien que les
autorités lui octroyèrent la bourgeoisie d’honneur. Alfred Feyler, précisons-le, est le demi-frère du colonel Fernand Feyler (1863-1931). 

 

De Charles le Téméraire à Lénine

Au cours des différentes époques, les habitants connurent quelques hôtes illustres. Par exemple, le 9 mai 1476, Charles le Téméraire fit défiler ses troupes à Ecublens, sur le site actuel de l'EPFL. Etabli près de Lausanne, désireux de prendre sa revanche sur les Suisses, qui l'avaient battu peu auparavant à Grandson, le duc de Bourgogne préparait la bataille de Morat. Quelques siècles plus tard, le 12 mai 1800, le premier consul Napoléon Bonaparte inspecta deux divisions sur le même emplacement. Ces soldats se rendaient en Italie, par le Grand-Saint-Bernard.

Lors de son exil en Suisse, Lénine fit, à son tour, quelques courts séjours à Ecublens. Entre 1910 et 1915, il logea plusieurs fois au chemin de la Cocarde 19, dans une maison vigneronne.

Quelques autres habitants illustres

Citons encore des personnalités, issues de la même famille, qui contribuèrent au renom du village. Vers la fin du XVIIIe siècle, Etienne de Loys fut le constructeur du château de Dorigny; en 1815, l'agronome Jean-Samuel de Loys devint Conseiller d'Etat; pendant la première guerre mondiale, le colonel Treytorrens de Loys commanda une division; durant les années vingt et trente, le géologue François de Loys prospecta du pétrole en Irak et au Venezuela.

Priopriété de Mon Repos

Priopriété de Mon Repos

C'est en 1988 que la Commune d'Ecublens a acquis la magnifique propriété de Mon Repos, qui fût notamment propriété du docteur Recordon. Par la suite, la propriété de Maître, construite en 1862, fut léguée à Mme Marguerat qui avait été, durant de nombreuses années, l'infirmière du médecin. En 1981, le Canton de Vaud porta le bâtiment à l'inventaire de ses monuments. 

Bâtiment de Mon Repos avant les transformations
Bâtiment de Mon Repos avant les transformations

Bâtiment de Mon Repos après les transformations
Bâtiment de Mon Repos après les transformations (1993-1994)

 

Syndics d'Ecublens depuis 1848

 

   
1848 - 1857

Louis Musy

1858 - 1859

Henri Ducret

1860 - 1861

Louis Clerc

1862 - 1865

Auguste Masson

1866

Paul Clerc

1867 - 1872

Samuel Ducret

1873 - 1882

Henri Masson

1883 - 1886

Louis Musy

1887 - 1893

Victor Clerc

1894 - 1896

Eugène Masson

1896 - 1911

Henri Masson

1912 - 1916

Adrien Bonzon

1916 - 1918

Adrien Masson

1918 - 1933

Elie Ducret

1934 - 1949

François Ducret

1950 - 1969

Adrien Jaquenoud

1970 - 1981

Pierre Teuscher

1982 - 1993

Jacques Masson

1994 - 1997

André Bonzon

1998 - 2016

Pierre Kaelin

2016 à ce jour

Christian Maeder

 

Présidentes et Présidents du Conseil communal depuis 1960

 

 

1960

Hermann Genevaz

1961

Gaston Ducret

1962

Maurice Porchet

1963

Arsène Lupin

1964

Robert Schneider

1965

Robert Annen

1966

Gaston Ducret

1967

Hermann Genevaz

1968

Gilbert Laydu

1969

Jacques Masson

1970

Yvon Golaz

1971

Paul Jeanmonod

1972

Marcel Hasler

1973

Pierre Jaquenoud

1974

Yvon Golaz

1975

Henri Héritier

1976

Michel Roulin

1977

Rodolphe Guggisberg

1978

Philippe Javet

1979

Jean Gaillard

1980

Claude Viret

1981

Janine Wiedmer

1982

Pierre Schaub

1983

Edward Logoz

1984

Eddy Schopfer

1985

Freddy Zurbuchen

1986

André Bonzon

1987

Claude Reymond

1988

Gilbert Fontolliet

1989

Claude Héritier

1990

Pierre Genton

1991

Philippe Turin

1992

Germain Favre

1993

Alfred Kohler

1994

Laurent Renaud

1995

Jean-Louis Radice

1996

Janine Wiedmer

1997

Geneviève Monney (1er janvier à mi-juin)

1997

Philippe Turin (mi-juin au 31 décembre)

1998

Philippe Turin

1999

Willy Studer

2000

Daniela Antonino

2001

Michel Miéville

2002

Danièle Petoud Leuba

2003

Willy Studer

2004

Eric Levrat

2005-2006

Mehdi Lagger (jusqu’au 30 juin 2006)

2006-2007

Hans-Peter Guilbert

2007-2008

Philippe Ecoffey

2008-2009

Frédéric Hubleur

2009-2010

Alain Blanchoud

2010-2011

Jean-Michel Barbey

2011-2012

José Birbaum

2012-2013

Germain Schaffner

2013-2014

Cédric Weissert

2014-2015

Jean-Claude Merminod

2015-2016

Anne Guyaz

2016-2017

Aitor Ibarrola

2017-2018

Anuta Pichon

2018-2019

Nicolas Morel

2019-2020

Michele Mossi

2020-2021

Gérald Lagrive

2021-2022

Daniel Sage

2022-2023

Jean-Claude Merminod

2023-2024

Charles Koller


 

Des origines au début du XIXe siècle

 

Des origines au début du XIXe siècle

Quelques jalons...

L'élément caractéristique du paysage d'Ecublens est la moraine frontale laissée par le glacier du Rhône, lors d'une de ses extensions; ce mur ou vallum morainique date de plus de dix mille ans.

Ces élévations créées par la nature ont attiré les hommes qui s'y sont installés, obéissant à leur instinct de sécurité et de confort; la position permettait aussi d'observer et de surveiller les alentours. Voilà pourquoi les plus anciens témoignages de la présence humaine ont été retrouvés, pour Ecublens, soit au « château de la Motte » et à d'autres endroits de la belle et longue moraine, soit à Dorigny; ils ont été découverts aussi aux approches de ce relief typique, « En Vallaire » et à Bassenges; ils s'espacent de l'an 2000 avant l'ère chrétienne au Haut Moyen Age.

La période de Hallstatt ou premier âge du fer (vers 600 avant J.-C.) est ainsi représentée par quelques trouvailles remarquables conservées au Musée cantonal d'histoire et d'archéologie.

Nous sommes obligés de nous contenir dans les repères fournis par l'histoire et ses preuves écrites.

Pour autant que nous le sachions, le plus ancien texte connu signalant le nom d'Ecublens se situe aux environs de 960 de notre ère; la dénomination Scubilingis figure dans le cartulaire de Conon d'Estavayer qui recense les droits du Chapitre de la Cathédrale de Lausanne. L'évêque Magnère donne au dit Chapitre ce qu'il possède au village d'Ecublens; ces biens comprennent un chesal, des champs, des vignes et des prés; il est agréable de relever cette longue tradition viticole, sur plus d'un millénaire aujourd'hui. Enfin, il ne peut y avoir d'hésitation sur l'identité de « Scubilingis » qui, dans un acte voisin, est bien baptisé « in villa Escublens » et localisé au pays de Lausanne, dans la région de Renens.

Les documents du Moyen Age n'affichent pas tous une telle précision, et pour plusieurs d'entre eux il est impossible de déterminer à quel « Ecublens » ils se réfèrent, celui de la Broye ou le nôtre.

Une famille noble a porté le nom d'Ecublens et elle a procuré à l'Eglise de Lausanne de vaillants serviteurs, des ministériaux, mais aussi un évêque, Guillaume d'Ecublens, qui coiffa la mitre de 1221 à 1229, après avoir été chanoine et trésorier du Chapitre.

La même famille s'était déjà illustrée en fournissant deux évêques successifs à l'Eglise de Sion, Guillaume d'Ecublens, suivi par son neveu Nantelme (de 1184 à 1203).

La nature de la documentation, qui provient des institutions ecclésiastiques jouissant d'une meilleure organisation et d'une durée plus longue que les cadres laïques, montre que le Chapitre de Lausanne d'une part, le prieuré de Saint-Sulpice d'autre part, ont été richement possessionnés dans le territoire d'Ecublens.

On pourrait grâce à de tels actes (recensements de terres, achats, fermages) relever les noms des plus anciens lieux-dits connus à Ecublens.

Sous la domination bernoise (de 1536 à 1798), Ecublens vécut certainement de la même manière que l'ensemble du Pays de Vaud; une fois les consciences alignées, une fois les redevances payées, les habitants jouissaient d'une relative tranquillité, par opposition aux commotions qui ont épuisé la France ou les Etats germaniques (guerre de Trente-Ans, guerres du règne de Louis XIV, et tant d'autres). Soulignons toutefois que cette quiétude fut souvent ébranlée par les perturbations climatiques entraînant les disettes, ou par les épidémies, dont la peste.

Conforme aux dimensions restreintes des découpures géographiques de notre pays serré entre le Jura, le lac et les Alpes, la plaine qui s'étend de Saint-Sulpice à Epenex a vu à trois reprises d'importants rassemblements de troupes.

Et ce fut chaque fois au mois de mai, au moment où l'on attendait l'amélioration des conditions atmosphériques pour organiser une campagne militaire.

Le 9 mai 1476, Charles le Téméraire prépare l'expédition qui devrait lui permettre de prendre sa revanche sur les Suisses qui l'ont vaincu à Grandson. Il fait descendre ses troupes des Plaines du Loup où elles campent, pour les faire défiler devant sa propre personne et devant des invités de haut rang. Parmi ceux-ci se trouve la duchesse de Savoie, soit la régente Yolande, soeur du roi de France Louis XI, accompagnée de son fils Philibert âgé de onze ans. On nous dit qu'elle est installée près de Bassenges, sur une estrade, pour admirer les troupes de son allié le duc de Bourgogne. La parade dure de nombreuses heures, puisque les invités s'en retournent à Lausanne seulement à la nuit tombée, avec des torches pour les éclairer.

Yolande, Duchesse de Savoie
Yolande, duchesse de Savoie, veuve d'Amédée IX et soeur du roi de France Louis XI, et son Fils le jeune duc Philibert, qui était né en 1465. Tous deux devaient mourir de bonne heure, Yolande à 44 ans et Philibert à moins de 17 ans.

 

Le 12 mai 1800, nouveau défilé impressionnant. Bonaparte inspecte dans le même secteur une partie des troupes qu'il achemine vers la si célèbre traversée du Grand-Saint-Bernard : deux divisions, soit quelque sept mille hommes. On montre encore à Ecublens l'endroit même où le futur empereur s'est tenu, entouré de généraux qui s'illustreront par la suite : Berthier, Marmont, Murat.

Deux ans plus tard, en 1802, encore en mai, sur le même site, les Bourla-Papey, ces paysans révoltés par les charges qui pèsent sur les terres, installent un vaste camp, d'où ils comptent sans doute faire main basse sur Lausanne; c'est le camp des Gamaches, où la vie se déroule riante et joyeuse, semble-t-il, tant les visiteurs et les visiteuses y viennent nombreux. Mais ce qui aurait pu dégénérer en une dramatique guerre civile se transforme, grâce à l'habileté et au souci de quelques bons citoyens, en un bienheureux retour dans les foyers. Il faudra plusieurs années pour surmonter cette crise; cependant, une fois encore, Ecublens a pu contempler de redoutables soldats, en masse, mais a eu le bonheur de ne voir aucun combat.

Si les gens d'Ecublens ne possèdent pas un passé historique marquant au point de vue guerrier, rappelons néanmoins qu'en mai 1476 Charles le Téméraire concentra ses troupes sur ce territoire et que le défilé d'environ 22'000 hommes eut lieu près de Bassenges où une estrade avait été construite. La concentration de ces troupes, pendant deux mois, appauvrit tous les villages de St-Sulpice à Lutry. Les localités, abandonnées par leurs habitants, étaient remplies par les gens de guerre et les maraudeurs pillaient les campagnes et massacraient les passants pour les voler.

Le séjour prolongé de l'armée aux environs de Lausanne avait achevé de tarir toutes les sources de ravitaillement. A la fin d'avril, il fallut couper le blé encore vert : plus de pain ni d'avoine. Les vivres atteignaient des prix exorbitants. Le départ, fixé au 27 mai, devenait une absolue nécessité. On peut comprendre le soulagement des habitants de toute cette contrée lorsque Charles le Téméraire leva le camp pour aller essuyer à Morat la défaite que les Suisses une seconde fois lui infligèrent.

A peu de distance au nord du village, sur une petite colline à l'entrée du bois d'Ecublens, se trouvent les restes d'un ouvrage de défense connu sous le nom de Château de la Mothe ou de la Motte. C'est un très ancien camp retranché, entouré d'une enceinte en terre et de fossés.

L'enceinte était sans doute surmontée d'une palissade. On a trouvé dans cette enceinte une quantité d'ossements d'animaux, plus ou moins brûlés, du charbon, des cendres, quelques pierres taillées, des fragments de tuiles romaines, de couvre-joints (languettes de bois dont on couvre les joints des planches), etc. (Rapp. Naef, 21. XII. 96). Dans les environs de cette construction, différents objets et médailles ont été retrouvés : des monnaies d'Antoninus Augustus, de M. Agrippa, etc., des cendres et des tuiles; près de la route de Bussigny, une hache et une coupe ciselée; dans une vigne au midi, des tombeaux dallés avec squelettes et des fers de lances à bords tranchants. (Rapp. de M. Magnin, 5. XII. 96). En 1904, on a encore découvert à Ecublens des sépultures gauloises dans l'une desquelles se trouvait un bracelet en bronze à cabochon (pierre précieuse qu'on s'est contenté de polir sans la tailler). (Rapp. Naef, 1904).

Au Xe siècle, Ecublens faisait partie du territoire de Renens qui s'étendait au midi de la cité de Lausanne. En 949, Salerius et Racherius donnèrent à l'évêque Magnère un chesal et des terres à Ecublens, que ce prélat céda au Chapitre, en 961.

Au XIIe siècle, l'évêque Gui de Merlen s'intéressa à l'établissement, dans cette contrée, d'une filiale de la célèbre abbaye de Molesmes (dans le département de la Côte d'Or dont le chef-lieu est Dijon) au pays de Langres. Cette filiale fut le prieuré de St-Sulpice. L'évêque, par acte de 1135, lui rattacha la chapelle d'Ecublens, et en 1156, le pape Adrien IV confirma à l'abbaye de Molesmes cette donation. Cette chapelle, dédiée à saint Pierre, prend place, en 1228, au nombre des églises paroissiales. Une chapelle des saints Fabien et Sébastien fut érigée dans cette église en 1509, par le chapelain Pierre Prodolliet.

Ecublens est le berceau de la famille noble de ce nom, qui remonte au XIIe siècle et a joué un certain rôle dans l'histoire de l'évêché de Lausanne. Guillaume, fils de Pierre, seigneur d'Ecublens, était chanoine en 1199 et trésorier du Chapitre en 1213; il fut élu évêque le 16 août 1221. L'évêque Magnère, que nous venons de mentionner, pourrait aussi appartenir à cette famille : ses possessions dans la contrée rendent cette supposition assez plausible. Nantelme était chanoine et doyen de Lausanne en 1180, évêque de Sion de 1196 à 1203. Au XVIe siècle, les nobles d'Ecublens paraissent au nombre des principaux fonctionnaires de l'Evêque.

Cette famille avait aussi des droits considérables à Lausanne, surtout au faubourg de St-Laurent, de plus à Crissier, à St-Germain (nom par lequel on désigne maintenant la partie centrale du village de Bussigny, des deux côtés de la route Lausanne-Aclens, sous la colline de l'église. Cette localité s'appelait autrefois Sonvillaz et le nom de St-Germain désignait un village situé plus à l'Ouest, en l'endroit où existe maintenant la propriété de l'abbaye, anciennement l'abbaye de St-Germain) et à Lavaux. En 1224 et 1230, il est question de Guillaume dit le Grand (grandis soit magnus) et de son frère Guillaume dit le Petit (parvus), chevalier. Jean et Guillaume, fils de feu Reymond, vendent, en 1274, à l'évêque de Lausanne, tous leurs biens situés rière Lavaux et dont une partie avait appartenu précédemment à Humbert, fils du prédit Guillaume le Grand.

Pierre d'Ecublens, donzel, vend en 1466, à Nicolas de Gruffy, abbé du Lac de Joux, certaines droitures féodales rière St-Germain, lesquelles, avec d'autre biens, furent acquises, en 1573, par n. Isbrand de Crousaz. Ces possessions passèrent à la petite-fille de ce dernier, Jeanne de Crousaz, dame de Corcelles-le-Jorat; elles furent évaluées, en 1620, à 5000 florins. Le dit Pierre, ainsi que n. Jean d'Ecublens, de Lausanne, dont la veuve, Marie, vivait encore en 1473, paraissaient avoir été les derniers membres de cette famille.

Dès le XIVe siècle, la seigneurie d'Ecublens était divisée en un grand nombre de fiefs. En 1401, Mermet Loys acquit d'Antoine Renevier, donzel d'Yverdon, et de sa fille Marguerite, femme de Pierre Mestral de Rue, donzel, la coseigneurie de ce lieu, laquelle passa plus tard à n. Pierre Loys, seigneur de St-George. En 1673, elle était parvenue aux hoirs de n. Jean-Pierre Polier, bourgmestre de Lausanne.

Sous le régime bernois, Ecublens avait une cour de justice établie par le conseil de Lausanne et formée d'un châtelain et de six justiciers; les appels contre les jugements rendus étaient portés à la Chambre des vingt-quatre. En 1763, la justice de St-Sulpice fut supprimée et ce village dépendit, dès lors, de la justice d'Ecublens.

En 1639, la peste régnait dans la localité; le pasteur, appelé à baptiser un enfant malade, ne voulut pas que le nouveau-né fût apporté à l'église et n'osa pas entrer dans la maison pour y administrer le baptême; il imagina d'ondoyer l'enfant avec une cuillère fixée à un bâton qu'on fit passer de la rue par la fenêtre. Cette cérémonie insolite attira l'attention de la Classe (dès 1537, le pays de Vaud avait été divisé en arrondissements ecclésiastiques comprenant un nombre plus ou moins grand de paroisses. Ces arrondissements portaient le nom de « Classes », lequel servait aussi à désigner la réunion des pasteurs de chacune de ces circonscriptions. Dans le pays de Vaud proprement dit - sans parler du pays de Gex et du Chablais - , il y avait à l'origine 4 Classes subdivisées chacune en 2 ou 3 Colloques) qui censura vivement le pasteur.

L'église domine la localité; elle possède encore une fenêtre datée de 1532; le reste de l'édifice ne représente guère d'intérêt au point de vue archéologique.

Pour terminer, citons les noms de quelques habitants célèbres d'Ecublens : les Seigneurs d'Ecublens, les de Loys, le colonel Feyler dont les avis faisaient loi pendant la première guerre mondiale et dont les articles étaient des modèles de science militaire et politique et de bon sens, le Docteur Recordon, grand oculiste, le juge fédéral Robert Guex (toutes ces familles sont éteintes).

D'autre part, signalons que la première Municipalité fut constituée le 10 mai 1799 et que le Conseil général fut remplacé par le Conseil communal le 27 mars 1909.

Place du Motty aux environs de 1900 
Place du Motty aux environs de 1900